Une Lamborghini électrique ?

La voiture la plus courue au récent salon de l’automobile de Paris était une Lamborghini électrique. Étonnant, vous vous dites surement. Et pourtant, ce n’est pas surprenant. En gros, chaque société de supercars fabrique des voitures électriques ou des hybrides. Notamment, Porsche, Ferrari, McLaren, et même la mythique Rolls-Royce. Et ils l’ont fait aussi bien sur les stands des vainqueurs (24 Heures du Mans) que sur les sites automobiles et les blogs culturels. Les fans de ces monstres et de leurs designs ne peuvent pas en avoir assez.

Ce qui est surprenant dans l’offre de Lambo, l’Astérion, c’est qu’elle a attendu si longtemps pour en proposer un et puis, après le délai, qu’elle a décidé de le faire tout court. Tout comme une autre marque emblématique, Harley-Davidson, la Lambo tire une grande partie de son statut du fait que les conducteurs, qui ont le vent dans les cheveux, profitent d’un moteur rugissant et de performances dominantes. Les deux, du moins traditionnellement, nécessitent beaucoup de carburant.

La perspective de construire une machine pratiquement silencieuse qui sacrifie la puissance et le couple sur l’autel de l’efficacité est donc truffée de questions concernant non seulement le comment, mais aussi le pourquoi. Un taureau de combat peut-il rester un champion quand il est muet et boitillant ?

Un riff modernisé

A première vue, l’Astérion semble être un riff modernisé sur la Lamborghini Miura (1966-1973). On peut avancer que c’est un compliment. Au cours de son mandat, la Miura a lancé une série de voitures de sport à moteur central à deux places, avec des lignes avant longues et étroites et des extrémités arrière bien découpées. On pourrait même dire que la moitié arrière de la Countach (1974-1990) ressemble un peu à la Miura et à l’Astérion.

L’Astérion est mince de haut en bas, large sur les côtés et de forme rectangulaire. Ses lignes pures et modernes sont d’un minimalisme rafraîchissant. Elle n’est pas aussi agressive que la Gallardo ou même l’Aventador, mais elle est plus digne et même légèrement courbée. Les portes-à-faux ajoutent une touche de fantaisie. Winkelmann voulait qu’elle ait l’air « singulière » par rapport à toutes les autres Lamborghini de la gamme. Il voulait qu’elle ait l’air rapide, mais aussi agréable pour la conduite quotidienne, et c’est le cas.

L’intérieur de l’Astérion

Les accessoires à l’intérieur demandent aussi une utilisation régulière. Une peau de vache souple recouvre les sièges. La fibre de carbone « forgée » très tendance (au lieu d’être tissée en croix, elle a été fondue pour former un look marbré et tourbillonné) lui donne une allure chic. Les garnitures en titane, le tableau de bord épuré et les deux sièges ergonomiques légèrement surélevés convainquent qu’on peut faire un petit voyage dans cette Lambo.

Les performances

Sous le capot, il est équipé d’un moteur 10 cylindres de 5,2 litres de 455 kilowatts et de trois moteurs électriques enfichables alimentés par des batteries au lithium-ion. La boîte de vitesses à double embrayage à sept rapports se trouve sur l’essieu arrière de la carrosserie monocoque en fibre de carbone, et le moteur se trouve au milieu. Trois modes de conduite contribuent à l’efficacité et aux performances, selon ce que vous souhaitez.

Le rendement énergétique total est de 4,1 L/100 km. La puissance totale est de 678,5 kW. La nouvelle bête de course passe de 0 à 100km/h en 3.0 secondes, soit 0,2 secondes de plus que le tout nouveau Huracan, un très faible écart c’est à dire un souffle derrière l’Aventador. N’importe qui vous dira que ces chiffres sont dignes d’une distinction de supercar.

Mais interrogez-vous sur la vitesse de pointe et la portée et c’est là que l’ambiance change. Cette voiture subvertit presque l’idéologie classique de ce que l’on se fait de la Lamborghini. Sous alimentation électrique pure, l’Astérion ne peut aller qu’à 125 km/h. Branché sur la prise électrique standard de 110V comme celle utilisée aux Etats-Unis, une charge complète prend six heures. C’est trop long pour une utilisation pratique.

Cependant, avec l’essence, la voiture atteindra 320 km/h, ce qui est plus que suffisant pour vous satisfaire. Mais quant à son autonomie, la Lamborghini peut parcourir 50 kilomètres en mode électrique pur. C’est la même gamme que le vélo ICON Electric Flyer.

Conclusion

L’Astérion de renommée labyrinthique, est lui aussi issu d’un patrimoine douteux. Il a vécu une double vie entre le monde des hommes et le règne animal. De même, plutôt que d’assumer le personnage d’un célèbre taureau de combat espagnol, comme toutes les autres Lamborghini fabriquées, cet Astérion reçoit le nom d’une créature demi-taureau. Il doit, comme son homonyme, s’équilibrer entre deux mondes. Il est beaucoup plus agressif que les autres hybrides et mérite d’être reconnu comme tel. Mais il n’est même pas entièrement électrique, comme le modèle S de Tesla et ne peut donc pas prétendre au statut d’éco-élite.

Bien sûr, les messieurs qui dirigent la Lamborghini savent tout ça. Winkelmann et ses collaborateurs ont déclaré à maintes reprises que cet Asterion est un « démonstrateur de technologie » destiné à explorer la manière dont les options électriques pourraient fonctionner dans les futurs modèles Lambo. Il ne verra jamais la lumière de l’étage de production.

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